samedi 12 juillet 2008

Découvrez l'album souvenir !

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mardi 1 juillet 2008

La terre est un pays formidable... Merci à tous !


Le retour est à chaque fois un moment difficile.

Période de flottement... entre deux eaux, entre deux mondes.

Car douze jours durant, nous nous sommes immergés dans nos pensées les plus profondes.

Chaque kilomètre était une plongée en apnée au plus profond de nous même. A la recherche de ce que l'on est, de ce l'on veut, de ce que l'ont veut être. Le Ventoux comme phare, sous la pluie, malgré les orages, poussés par les vents ou réchauffés par les rares rayons du soleil, nous avons avancé sur les sentiers gorgés d'eau. Mais la vie n'est-elle pas à l'image de ces randonnées : tantôt joyeuse, tantôt difficile, souvent pleine de surprises mais tellement belle à vivre. Et puis inexorablement, jour après jour, l'on doit avancer.

Nous avons donc gravi des cols, franchi des étapes mais au fond de nous, au delà de celui de cette ascension commune, nous avions un objectif différent, personnel, pas forcément partagé. Sentiers après chemins, collines après montagnes, plus on s'élevait géographiquement en altitude, plus on "descendait au fond de nous même". La difficulté qui augmente nous pousse vers nos limites, nous ouvre sur d'autres horizons..; nous oblige à faire des choix, dont l'un décisif en raison du temps exécrable : « Est-ce qu'on va jusqu'au bout ? ».

Malgré la pluie, le vent, le froid, les grêlons et les difficultés, nous n'avons jamais reculé et avons été jusqu'au bout. Loin du temps qui court, au rythme du pas de l'âne, nous avons franchi le sommet du Vaucluse avant de prendre le chemin du retour, traversé des paysages magnifiques.

Chaque épreuve acceptée et vécue nous élève, chaque épreuve nous fait grandir, avancer.

Et puis, il a eu toutes nos rencontres. Chacune d'elles est une porte ouverte sur un nouvel horizon aussi ; à nous encore de choisir jusqu'où nous allons porter notre regard.... A nous de nous arrêter et de partager des bouts de vie.

Un grand merci à tous. Un grand merci pour votre accueil, votre générosité, pour nous avoir donné de l'eau, pour nous avoir offert le gîte et le couvert, pour tous ces instants partagés... Un grand merci pour tout, du fond du coeur.

A peine rentrés, la tête encore sur les sentiers de randonnées, il nous faut préparer le « Marius Tour 2008 ». En effet en août, nous reprendrons chaussures, bât et sac à dos pour un périple de 350 à 400 km. Marius marchera cette fois pour la petite Morgane atteinte de la Mucoviscidose. Au cours de ce nouveau périple, nous récolterons dons et promesses de dons qui seront reversés à l'association "Vaincre la Mucoviscidose". Ils seront ensuite affectés à la recherche, aux soins ainsi qu'à l'amélioration de la qualité de vie des patients et de leur famille.

Nous partirons de Rousset-les-Vignes le 2 août au matin. Direction Dieulefit puis Bourdeaux, Saint Nazaire le Désert, La Motte Chalencon, Montbrun les Bains, Buis les Baronnies, … Retour prévu dimanche 24 août. Le tracé n'est pas encore tout à fait déterminé. Il le sera dans quelques jours.

mardi 10 juin 2008

mercredi 4 juin 2008

Quand il n'y a plus de place pour le hasard...

On dit parfois que le hasard n'existe pas, ou au contraire qu'il est à la base de tout.
J'étais plutôt partisane de la seconde option.
Me dire que toutes les rencontres que j'avais pu faire auparavant étaient nées d'une totale fortuité.
Ou encore que tout ce que j'ai pu réaliser par le passé n'aura été que le fruit de coïncidences plus ou moins malheureuses.

Et puis un jour, par hasard si je peux dire, je m'inscris sur un site de micro-blogging.
Et puis quelques jours après, je raccroche mon téléphone en me disant que vivement le mois d'aôut qu'on recommence.

Entre ces deux jours, presque un an a passé.
Enter ces deux jours, ma vie a été bouleversée.

Je ne peux pas dire que c'est une rencontre qui a transformé ma vie, mais ce que je sais, c'est je la vois autrement depuis cette rencontre.

Cette rencontre, c'est celle que j'ai faite l'an dernier avec Bouille, la moitié de Marius.
Rien à priori ne nous destinait aux liens qui nous unissent aujourd'hui.

Son coeur et son corps sont à l'air libre, les miens sont pris et enfermés.
J'écris pour rire,il le fait pour informer.
Je blogue des blagues et lui sa vie.

Et un jour, me voilà à prendre part à l'aventure, embarquée dans le GPS.
C'était en août dernier.
Lancés sans filet, nous avons passé 21 jours ensemble.
Pas toujours facile de faire coïncider la montagne avec la technologie, mes soirées avec ses journées, son moral et le mien.
Puis lentement, au fil de l'eau, aux détours des sentiers, rayons de soleils après orages violents, le coup de fil du soir devenait de plus en plus désiré, attendu.
Lentement, nos vies se sont aperçues toutes seules qu'elles se ressemblaient, que nos parcours n'étaient pas si opposés ni mouvementés que ce que les apparences le laissaient croire.

L'été dernier, j'étais en proie aux doutes, tous les doutes.
Il avait perdu les clés de la sienne.
Ensemble, nous sommes partis à la recherche.
Ensemble, nous avons répondu spontanément chacun aux questions de l'autre.

Au bout de 21 jours, le lien était devenu si fort qu'il ne nous a pas été forcément nécessaire de ne plus nous quitter pour nous apprécier.
Chacun sa vie, chacun son chemin.

Mais ce que nous savions, c'est que nos vies avaient changé au contact l'une de l'autre.
Et de façon radicale.

Inutile de lutter alors quand la proposition de grimper le Ventoux m'a été faite, je me suis cachée dans une des sacoches de Marius et j'ai embarqué en douce.
12 jours.
Un tour de chauffe, bien différent par rapport à l'an dernier où ne ne savions ni l'un ni l'autre où nos vies et cette randonnées allaient nous mener.

12 jours à prendre un plaisir partager à se parler, du parcours du jours bien-sûr, mais qui n'était plus la priorité. La performance n'était plus physique cette fois.
Nous sommes allés au delà.
Bouille a compris que j'avais besoin de gentillesse, de don, de partage, d'écoute et d'épaule. Peut-être ne l'a-t-il pas senti, mais il a donné plus que ce que j'attendais. Une overdose de bonté.
Nous avons approfondi la connaissance que nous avions faite l'un de l'autre voici presque un an.

Par hasard.

Par hasard? Pas sûr!

Dans ses provisions, Bouille avait pris Béné.
Béné, dont je ne connais qu'une heure de voix téléphonée, sur 12 jours de randonnée.
Mais Béné qui cherche, qui tente, qui espère elle aussi trouver ce que Bouille a découvert l'an passé et qu'il m'a fait partager.
Béné et cette heure de causette entre fille qui m'a fermement confirmé que non, le hasard n'existe pas.
Le pourquoi ne regarde que moi, mais ce qu'est devenu ma vie après avoir rencontré Bouille et ce qu'elle pourrait devenir après avoir entendu Béné ne peut que me conforter dans cette idée là.

Non, le hasard n'existe pas, il n'y a que des gens faits pour se rencontrer, partager, s'aimer et enfin se trouver.

Bouille, Béné, Marius et les autres, merci d'avoir fait voler en éclats la carapace dans laquelle j'avais bien voulu m'enfermer pour me protéger d'un ennemi imaginaire que j'appelais à l'époque la vie. Aujourd'hui, la vie, c'est une amie.

Je quitte un instant le chemin, en attendant que le soleil d'août ne nous rappelle ensemble sur les chemins ou au bout du fil.

ML

dimanche 1 juin 2008

J12 : 1er Juin : Home sweet home!


Hier, notre projet de dormir à la belle étoile est littéralement tombé à l'eau.

Alors que nous arrivions au col de La Vote, le tonnerre grondait derrière nous et le temps de nous dire qu'il allait falloir nous dépêcher de manger et d'enfiler nos imperméables que la colline avait disparu derrière un rideau de pluie. Nous avons pris le sentier et avec lui un violent orage de pluie, de vent et de grêle.
Aucun moyen de nous abriter, nous avons marché le plus vite possible, y compris Marius qui avait assez peur de la pluie et du vent. Le sentier n'était plus qu'un gros ruisseau et bien évidemment, 1/2h d'orage a suffit pour nous tremper comme des soupes de la tête aux chaussures et sabots!

Nous avons tout de même rejoint Montaulieu vers 20h où le Maire et son épouse nous attendaient pour nous proposer de nous héberger chez eux. Nous avons accepté avec plaisir, y compris Marius qui a eu pour lui tout seul un parc avec de l'herbe à foison sous les sabots!

Nos hôtes

Après une bonne douche, nous avons passé une très agréable soirée où notre intarissable Béné a partagé d'excellents souvenirs auvergnats...

Ce matin, nous sommes repartis vers 10h, le temps n'était plus "que" nuageux, mais nous avons décrété que ça allait le faire... Et ça l'a fait!

Les pilles et Aubres

Pourtant, rien n'était gagné, nous savions que nous devions traverser un gué entre Les Pilles et Aubres, dont le ruisseau, la Bordette, se jette dans l'Eygues, aussi violent à cause des derniers orages que celui que nous avons eu du mal à traverser la veille, mais moins large. J'étais déjà passé non loin de là l'an dernier, lors du Marius tour 2007.
Nous appréhendions la réaction de Marius, surtout Béné, et puis il nous a surpris en glissant et se retrouvant les 4 sabots aux 4 points cardinaux... Dans l'eau! Une fois dedans, nous l'avons relevé et encouragé à avancer, ce qu'il a fait.

Il l'a fait !!!
Il l'a fait!!! Un an après!!! Je savais que la confiance que j'ai en mon âne allait payer un jour, contrairement à ce que pensait Béné, qui me doit donc un restaurant! (Juste un repas, pas un établissement, encore que...Noooon!)


Nous avons continué tranquillement notre chemin en longeant l'Eygues jusqu'à Nyons que nous avons traversé, après nous être arrêtés au Café du Pont pour manger une bonne salade, laissé Marius faire sa star et avons repris l'ancienne voie ferrée empruntée au début de notre randonnée... La boucle est bel est bien bouclée.
Il était 18h45 quand nous sommes arrivés, après 12 jours et 200 km de marche.

Quelques chiffres et données techniques mais qui recèlent en fait bien plus que des performances physiques ou un parcours sur une carte.

Il nous faut pour le moment nous poser, puis nous reposer, je reprends quant à moi la route au mois d'août en principe, soit dans 2 mois, qui vont filer trop vite...

@bientôt!

samedi 31 mai 2008

J11 : 31 Mai : Chronique d'une fin annoncée...


Pleins d'enthousiasme, nous avons continué de marcher hier soir, puisque le jour tombe plus tard.

Nous avons traversé Propiac et à 1km de Bénivay-Ollon, nous avons fait la rencontre d'un homme devant chez lui avec lequel nous avons entamé une discussion.

Il s'avère que la conversation s'est prolongée autour d'un apéritif et de fil en aiguille, Dada nous a annoncés qu'il avait entendu parler de nous par Christelle, sa camionnette et son thé...

Il nous a alors proposés l'hébergement en pension complète et nous a invités dans sa vie... Hors du temps.

Il nous a présentés à sa petite femme, Bérangère, et nous avons passé une excellente soirée en leur compagnie.

Marius n'a pas été oublié, bien à l'abri dans une cour parsemée d'herbe fraîche et de quoi dormir en sécurité non loin de nous.

Dada est un guide de randonnée équestre et Bérangère infirmière libérale. Ils se sont installés là et tentent de vivre à leur rythme et celui de la nature, soit en quasi-autonomie, très sainement et simplement.
Ayant exercé son métier en Auvergne, comme Béné et Christelle, nous avons alors évoqué un beau passé dans cette région et il nous a racontés des moments magiques vécus là-bas, similaires à ce que Béné et moi vivons actuellement.
Quand on dit qu'il n'y a pas de hasard...
*
Sans doute la plus belle rencontre de la randonnée, car si les précédentes avaient déjà été formidables de hasard et de richesse, celle-ci est est la seule qui aura un avenir, en effet, nous avons échangé nos coordonnées et souhaitons garder le contact.

Nous avons passé une belle nuit et avons eu du mal à nous quitter ce matin.

Nous rendons aujourd'hui hommage à Bérangère, Dada et le fruit de leur amour à naître, nous avons hâte de recevoir le faire-part de naissance et de les revoir tous les deux!


Nous avons repris notre chemin, le temps est très clément, malgré le petit orage qui a traversé le vieux couple que Béné et moi formons depuis 11 jours maintenant...

L'objet de la discorde a été le passage d'une rivière grossie par les récentes pluies.
Marius, apeuré par l'eau, ne voulait pas traverser.
Quant à moi, et comme l'an dernier
je voulais que Marius s'habitue à l'eau et dépasse cette phobie.
Bénédicte n'était pas d'accord et avait également peur.

Personne ne souhaitait céder et nous avons fini par nous séparer pour bouder dans les bois ;-)

Au bout d'une heure, temps nécessaire à la décompression de chacun, nous nous sommes rejoints, calmés et avons repris chemin commun.

Il est bon que l'orage éclate de temps en temps pour faire place au beau fixe.

Le terrain est rude, il fait très chaud, et nous avons accusé un dénivelé de près de 300m.
Nous avons passé le col de Coste Rayne.

A l'heure qu'il est, nous sommes en direction de Montaulieu puis de Curnier et pensons dormir à la belle étoile, dans la forêt domaniale du "Coucou"! Nous passerons normalement le col de la Vote.

@bientôt!

vendredi 30 mai 2008

J10 : 30 Mai : Tiens, il pleut...



Malgré notre campement de fortune construit sous le auvent de l'accueil du camping, nous avons passé une bonne nuit.

Nous nous sommes réveillés vers 7h30 et nos estomacs nous ont signifié qu'il était temps de faire des courses!
En effet, hier soir, il ne nous restait plus que 200g de pâtes et 2 oranges, alors les pâtes à l'eau et au sel, on les a trouvées succulentes!

Nous avons laissé passer une averse de plus, puis séché Marius et nous sommes partis de La gautière vers 10h, après avoir longuement discuté avec les propriétaires du camping charmants et que nous avons eu du mal à quitter... Ils ont eu la gentillesse de nous donner du foin pour Marius avant notre départ.

Jusqu'à midi, nous avons bien marché, un sentier assez bon même si sur la fin, nous avons retrouvé cette bonne vielle glaise bien lourde qui colle aux chaussure et aux sabots.

Après Pierrelongue, nous sommes arrivés à Mollans sur Ouvèze, alors que son épicerie venait de fermer...
En attendant sa réouverture à 15h30, nous avons mangé deux sandwiches au bar du village et nous sommes reposés et ravitaillés ensuite, alors que la pluie se remettait à tomber et trempait Marius.

Sagement, nous l'avons débâté et pris la décision d'attendre une accalmie pour repartir vers 16h.

Mais la pluie n'avait pas forcément envie de nous faire plaisir et nous a accompagnés jusqu'à présent, alors que nous allons arriver à Propiac, où nous allons dormir.

Nous avons fait une rencontre incongrue, mais salvatrice, Christelle, qui débarque du Puy En Velay avec sa camionnette aménagée, nous a proposés une infusion que nous n'avons pas refusée, elle nous a réchauffés et réconfortés.

Car il faut tout de même le dire, la pluie qui se mêle de nos affaires depuis quelques jours n'arrange pas les choses, nous sommes trempés de la tête aux pieds, il fait froid et forcément, la patience et le moral ont leurs limites.

Alors craquer est facile, mais heureusement, nous nous soutenons et tentons de nous faire rire mutuellement, la dérision guérit bien des maux!

La nature elle aussi semble en avoir ras les ruisseaux de la pluie, partout où nous allons, les cours d'eau sont gros et chargés de boue et la terre alentours regorge.

Demain, nous allons couper un peu le fromage et rallier directement Propiac à Curnier.

Bonne soirée!

jeudi 29 mai 2008

J9 : 29 mai : Quand le temps dicte son rythme...

La pluie ne nous a pas lâchés de la nuit...

Pour autant, nous ne voulions pas forcément partir plus tôt car il nous fallait faire une lessive et nous savions que La gautière était le dernier camping avant notre arrivée.
Pas de panique donc, nous avons tout lavé, étendu un peu pour sécher un peu et recharger toutes les batteries des appareils.
Des chèvres au camping !!
Et la pluie a continué de nous... clouer sur place finalement, à 14h30, j'ai fait mes petits calculs, il ne nous reste plus "que" 65 kms à parcourir, soit une vingtaine par jour et sans besoin de supprimer une étape.

Alors finalement, nous n'avons pas lutté contre les éléments et avons décidé de ne repartir que demain du camping.

Les propriétaires du camping nous ont autorisés à planter la tente sous le auvent de l'accueil et nous avons passé le reste de la journée à nous reposer et à...

Méditer!

Nos vies modernes nous conduisent à mener une course acharnée contre le temps, nous sommes conditionnés par des horaires, du réveil-matin à la pendule au boulot, de la minuterie du micro-ondes à l'heure qui scintille sur nos appareils et tentons de faire rentrer nos journées chargées dans ces laps de temps.

Alors qu'ici, le temps, c'est lui qui décide. Le temps, les éléments et la nature savent nous faire comprendre sans difficulté qu'il n'est pas besoin de tenter de le dompter. Ce que nous n'avons pas fait alors que prévu sur le parcours initial, nous le ferons tout de même, aujourd'hui ou demain, quitte à faire quelques aménagements.
De plus, en prenant un peu de recul, les conditions climatiques ne nous ont pas été si défavorables que ça, si ce n'est l'ascension du Ventoux, nous avons eu de belles journées et celle-ci est plutôt agréable, ne serait-ce que pour nous permettre de philosopher un peu!

Et d'ailleurs, demain, si le temps le permet, nous mettrons le cap directement sur Montaulieu.

Bonne nuit!

mercredi 28 mai 2008

J8 : 28 mai : Pas si vite!

C'est un orage assez violent qui nous a réveillés et effrayés pendant la nuit, la tente a pris l'eau par le dessous et Marius a tenté de dormir tant bien que mal sous un tilleul.
Béné a très mal dormi, pour ainsi dire pas du tout, et à 6h30, elle était... fraîche comme un gardon!

Heureusement nos affaires étaient restées au sec sous un auvent à la Maison forestière.

Mais le temps de tout ranger, sécher et bâter Marius, il était déjà 9h30 quand nous avons quitté les lieux.

Nous avons repris le GR qui nous a menés à Brantes, que nous avons surplombé, profitant de sa vue magnifique et toujours aussi émouvante. Nous y avons rencontré un agent de l'ONF qui déplorait les pertes animales des nouveaux-nés, morts de froid par la pluie et le vent et que leurs mères n'avaient pas pu réchauffer. Et lorsque nous avons entendu des cris dans le ciel, il nous a dit que c'était des aigles royaux qui avaient élus domicile sur le Ventoux et qui n'arrivaient pas à nicher à cause de la pluie. La nature est belle, mais parfois cruelle, la sélection est rude.

Nous sommes descendus à Brantes boire un café à l'auberge et le soleil s'est invité à la table pour nous réchauffer. Une dame fort sympathique nous a ravitaillés en tomates et la secrétaire de mairie a gentiment accepté de nous laisser recharger les batteries et envoyer les photos, que vous pourrez admirer dans les jours précédents ( J24, 25 26 et 27).

Nous avons remercié tout ce petit monde et avons repris notre chemin jusque sur les hauteurs de Plaisians où nous avons fait une pause déjeuner... Vers 14h30. Nous avons traversé un bois qui avait brûlé quelques années auparavant et au milieu de la verdure de saison, ce paysage soudain désolé, apocalyptique, où la nature tente de reprendre ses droits nous a attristés et choqués. Mais les jeunes pousses sur les arbres calcinés donnent de l'espoir!

J'ai repris le parcours emprunté l'an dernier et quand j'ai vu l'heure tourner et le ciel s'obscurcir, j'ai préféré faire une halte à La Penne sur Ouvèze, au camping la Gautière.
Le dernier km a été très difficile car le sentier était argileux et avec la pluie de la veille, nos chaussures accumulaient énormément de gadoue...

Le temps de planter la tente, d'attacher Marius et de sympathiser avec les charmants propriétaires, ( qui ont présenté Marius à de ravissantes chèvres naines...) et voilà que la pluie se met à tomber...

Plus qu'une solution, allez se coucher.

Demain, nous comptons rallier Propiac.

Bonne nuit!

mardi 27 mai 2008

J7 : 27 Mai : Une journée propice à la médidation...

Et après?

Comme vous avez pu toutes et tous le constater, en ce moment, le mauvais temps n'épargne personne, je crois qu'on a tous eu l'orage cette nuit.

Nous en avons essuyé un ce matin également, c'est la raison pour laquelle nous n'avons quitté le camping du Mont Serein que vers 11h30, lorsqu'une accalmie et quelques rayons de soleil se sont enfin manifestés.Nous avons fait une grande boucle donc nous sommes un tantinet décalés de notre parcours initial sans le modifier et nous avons eu raison!

En effet, nous avons à un moment donné surplombé la vallée du Toulourenc.

Quoi de plus émouvant?

Et c'est là que nous avons une fois de plus compris que la nature, on ne la domine pas, c'est elle qui donne à celui qui sait la respecter. Pris par le spectacle à couper le souffle et la sérénité du lieu, Béné et moi avons été pris d'une émotion irrépressible.

Nous sommes ensuite redescendus, pour rejoindre Brantes où nous sommes ce soir.La journée n'a pas été difficile au sens technique et même très paisible puisque nous n'avons pour une fois rencontré aucune âme qui vive sur notre chemin.
Un des aspects d'une randonnée qui n'a rien de désagréable car autant il est riche de croiser des promeneurs ou des autochtones, autant nous avons apprécié cette journée sans avoir à parler et en profiter pour nous recentrer sur nous-mêmes, Béné et moi.Une ambiance propice à la méditation que nous avons vécu séparément elle et moi, très personnellement.
D'autant plus que le parcours n'est qu'en descente pure, même si mes chevilles ne trouvent pas ça forcément confortable.

Nous avons déjà parcouru 120 kms et la fatigue se fait sentir, peut-être nous relâchons-nous un peu désormais, surtout Marius grâce à qui nous avons maintenu un super bon rythme pour la phase d'ascension, qui n'était pas la plus facile.Nous sommes actuellement à la maison forestière de Brantes
Marius a accepté le box qu'on lui a proposé et va pouvoir se reposer et peut-être retrouver sa bonne humeur, ce matin, visiblement mal embouché, alors que Bénédicte est allée le chercher, il lui a pincé le bras. Parfois, on est pas du matin...

Béné a trouvé sur les chemins du tilleul et de la menthe fraîche et est en train de nous préparer une bonne infusion naturelle, rien de tel pour terminer une journée paisible.

Demain, nous gagnons Plaisians, puis Pierrelongue et Mollans-sur-Ouvèze, soit une bonne quinzaine de km.

Bonne nuit...

lundi 26 mai 2008

J6 : 26 Mai : Repos des pieds, on recharge les batteries du coeur!

La journée d'hier n'a pas été de tout repos pour tout le monde dont c'est souvent le seul jour de congé.
Nous avons touché le Ventoux, certes, mais l'ascension et le retour n'ont pas été évidents, même si nous nous y attendions.
Froid, pluie, vent, fatigue, déception de ne pas avoir pu recevoir Morgane pour laquelle nous nous battons et la délégation des Virades, cette journée de repos était vraiment salvatrice et bienvenue.Surtout pour Marius, qui a bien entendu refusé de dormir dans le cabanon, par peur d'y entrer, et qui a donc passé la nuit dehors, sous la pluie et dans le vent.

Je l'ai trouvé ce matin trempé et grelottant de froid, il n'a pas refusé ma séance de séchage et de câlin, ni les granulés que François avait apportés hier, qui l'ont requinqué.
Et justement, une fois que nous aussi sommes redevenus secs et présentables, il ne nous manquait plus qu'à mettre les doigts de pieds en éventail et attendre que le soleil vienne nous réchauffer...
Notre palace...

En vain. Malgré quelques rayons timides, nous n'avons pas pu nous réchauffer grâce à lui.

Et ça, Joëlle et François l'ont bien senti!

Il sont donc arrivés à point nommés les bras chargés de friandises pour tout le monde et le coeur rempli de joie.

Joëlle a pensé utile en me rapportant une paire de chaussures toute neuves, pour bien finir la randonnée, mais aussi plein d'autres victuailles bien agréables pour nous réconforter après les difficultés de la veille.
François a pensé à Marius, mais aussi à nous.

Le Ventoux, ça se mérite et ça laisse des traces!

Car si le corps est bien entendu marqué par l'aventure que nous vivons, Marius, Baya, Béné et moi, nos coeurs sont empreints de tout ce que la randonnée nous apporte.

Je repense notamment à hier.
Nous avons fait quelques courses arrivés à Bédouin, et acheté une pizza que nous avons décidé de déguster assis simplement sur un bout de trottoir. Non pas que nous n'avions pas envie de nous mélanger au reste du monde, mais tout simplement, sans réfléchir, je pense que nous nous sommes assis là, comme pour ne pas troubler l'ordre établi dans ce lieu que nous ne faisions que traverser.
Puis un gamin s'est approché, a caressé Marius et a entamé naturellement un dialogue, comme seuls les enfants savent le faire lorsqu'ils se savent en confiance.
Est venu le tour d'une mamie, tout aussi agréable et curieuse, qui nous a tenus compagnie.
Et quelques touristes se sont joints au petit groupe, ont pris des photos (l'effet star que je dois à Marius et non pas à mon fameux chapeau...).

En contraste, pendant que Béné, Marius et Baya attendaient dehors, j'étais encore dans la magasin et là, le regard et l'approche n'ont pas été les mêmes. J'ai senti comme une certaine réticence vis à vis de mon apparence qui semblait ne pas être en cohérence avec l'aspect et le contexte de ce petit village charmant, mais au demeurant très bourgeois du Vaucluse.
Ai-je été perçu comme un illuminé? Un marginal ou encore un nomade?
Peut-être, mais toujours est-il que je sais pourquoi et comment j'avance et ces regards ne m'ont pas gêné. Après tout, le cliché des apparences a la vie dure. Je ne cherche pas forcément à être vu ni entendu, je ne fais que passer.

Mais dès lors qu'on dépasse cet aspect, on s'aperçoit que le naturel prend le dessus et que sans rien demander, le partage se fait, le don de soi, de ce que l'on est au delà de ce que l'ont montre.
Le bonheur est là, tout simplement.

Une randonnée, ce n'est pas que des dénivelés, des points sur des cartes et des performances, des victoires de l'homme sur la nature. Marcher, c'est aussi aller au plus profond de soi, ne faire confiance qu'en son instinct enfoui, que le monde d'aujourd'hui parasite et empêche de faire surface quand l'urgence se présente.

Et ça, Marius est là pour permettre d'établir ce pallier entre nous et la nature que nous respectons sous nos foulées.
Marius est un animal, sa seule loi, c'est son instinct. Quand il est fatigué, il n'avance plus, il ne tente pas de lutter. Quand l'un de nous ne va pas fort et que nous tentons d'avancer grâce à notre raison, Marius le sent, son instinct se met en route et il se rapproche de nous pour nous faire comprendre qu'il ne faut pas lutter.

De fait, nous retrouvons peu à peu notre centre, notre foi, et le sentiment que nous sommes bien vivants et capables de lâcher prise et de suivre aussi notre instinct, celui qui tantôt nous pousse à avancer, et tantôt nous indique de nous arrêter.

J'ai compris cela l'an dernier, alors que Brigitte, arrivée en cours de route, m'a servi de guide, non pas sur les sentiers de la Drôme, mais sur celui de ma vie.

Aujourd'hui, et maintenant que je ne fais que conforter ce que j'ai appris et que je sais, c'est à Bénédicte que je tente de montrer ce chemin, son chemin.

Comme quoi, on a beau suivre le même sentier caillouteux ou pentu, on marche pour soi, loin du monde, la nature et l'instinct nous guident vers ce que nous avons tant de mal à trouver aujourd'hui.

Voilà ce que certains hommes appellent courir, grimper, ramer contre les éléments, mais contre eux-mêmes.
Personnellement, je marche cette année pour les Virades, mais également pour suivre le chemin de ma vie, que j'ai emprunté l'an dernier.

Marius, Baya, François, Joëlle et tous ces gens dont le coeur nous a été ouvert à l'occasion de ces brèves rencontres sont là pour me rappeler que les hommes sont encore bons et sont capables de donner sans attendre autre chose que le bonheur de partager.

Demain, nous repartons en direction de Brantes et de Plaisians, soit 23 kms, de la pure descente, la vallée nous rappelle à nouveau!

Bonne nuit!

dimanche 25 mai 2008

J5 : 25 mai : Les choses sérieuses ont commencé!

La pluie, le vent, les cailloux, rien n'arrête mes compagnons.

La nuit a été très agitée, personne n'a pu dormir sereinement.
Je me suis mis à me poser des tas de questions quant au déroulement de cette ascension, même si je n'avais aucun doute sur ce qui l'avait motivée et sur ce qu'elle allait m'apporter de positif et enrichissant. Mais le stress m'a envahi, nous sommes sur le point de gravir le Mont Ventoux, plus qu'un point culminant sur une carte, un réel symbole.C'est aussi la pluie qui a entravé notre sommeil déjà très léger.

Nous avons retardé notre départ matinal à 10h, après avoir dû gérer l'humidité du matériel.

Nous avons repris le GR91 laissé la veille et...

C'est parti pour les sentiers en direction du Mont Ventoux!

Une belle grimpette plutôt à bon rythme.Nous avons successivement passé les collets de Roland et Robin puis avons repris un sentier où nous sommes tombés sur trois cabanons de bergers, traces de vie locale retirée du monde comme cette forêt de hêtres traversée et dont les couleurs ravivées par la pluie nous replongent dans un imaginaire féérique.

Nous avons eu envie d'y rester pour la nuit tant le lieu était beau mais avons préféré rejoindre le chalet Reynard dernière étape avant le Ventoux. De toutes façons, nos batteries étaient déchargées et nous ne voulions prendre aucun risque. D'autant plus que Marius était trempé, nous avons profité de cet arrêt pour le débâter. Nous savions que le plus dur restait à venir.
Nous y avons pris le temps et le plaisir de déguster des crêpes et un chocolat chaud vers 16h30.Dernier réconfort avant l'effort...

Et là, les choses sérieuses ont vraiment commencé puisque nous avons encaissé un dénivelé de près de 200m en peu de temps. Les couleurs vivent se délavent peu à peu, laissant place à des paysages minéraux pastels, d'ocres jaunes et gris bleu.Et c'est le GR4, connu de tous les spécialistes de la randonnée, qui nous a menés sur la crête du Mont Ventoux. Désert balayé par les vents et la neige présente encore par endroits. Les rafales sont s'y violentes qu'elles nous déséquilibrent, nous bousculent au point que nous craignons que Marius ne veuille plus avancer alors que le sommet est si proche. Mais dans cette épreuve, on se serre les coudes, on s'encourage et on avance. Pas question d'abandonner maintenant.
Le voilà!On y est!

A 19H enfin, nous atteignons le point culminant : 1912m. Belle victoire sur nous même face aux éléments déchaînés qui ne nous laissent que le temps de prendre une photo avant de redescendre.Photo souvenir de famille...

La délégation des Virades de l'espoir que nous devions rencontrer en ce lieu magique n'a malheureusement pas pu être présente en raison des très mauvaises conditions climatiques, un vent qui balaye tout, une température avoisinant les 0 degrés et un terrain très accidenté, sur lequel j'ai laissé une de mes semelles de chaussures. Mais ce n'est que partie remise, nous nous rencontrerons avec les organisateurs des Virades dès notre retour, en prévision de l'ascension prévue au mois d'Août.


Nous sommes redescendus à grands regrets sur la station du Mont Serein, et nous sommes installés au camping à 21h, après une bonne dizaine de km de descente abrupte.

Nous sommes au sec et confortablement installés dans une caravane, tandis que Marius et Baya, qui a fini par se libérer de sa muselière, sont à l'abri dans un cabanon.

Nous sommes fatigués, très, très très fatigués, surtout Béné qui a imité Marius et qui s'est légèrement assoupie en marchant, et que j'ai réveillée...

Par conséquent, et vu que nous maintenons un bon rythme, nous avons décidé que demain serait une journée de relâche et de repos.

Comme chaque jour et chaque paysage sont différent, s'il est bien une chose rassurante et récurrente depuis que je pars en randonnée avec Marius, c'est la richesse et le bonheurs de toutes ces rencontres qui surgissent aux détours des sentiers.

Bonne nuit!