samedi 31 mai 2008

J11 : 31 Mai : Chronique d'une fin annoncée...


Pleins d'enthousiasme, nous avons continué de marcher hier soir, puisque le jour tombe plus tard.

Nous avons traversé Propiac et à 1km de Bénivay-Ollon, nous avons fait la rencontre d'un homme devant chez lui avec lequel nous avons entamé une discussion.

Il s'avère que la conversation s'est prolongée autour d'un apéritif et de fil en aiguille, Dada nous a annoncés qu'il avait entendu parler de nous par Christelle, sa camionnette et son thé...

Il nous a alors proposés l'hébergement en pension complète et nous a invités dans sa vie... Hors du temps.

Il nous a présentés à sa petite femme, Bérangère, et nous avons passé une excellente soirée en leur compagnie.

Marius n'a pas été oublié, bien à l'abri dans une cour parsemée d'herbe fraîche et de quoi dormir en sécurité non loin de nous.

Dada est un guide de randonnée équestre et Bérangère infirmière libérale. Ils se sont installés là et tentent de vivre à leur rythme et celui de la nature, soit en quasi-autonomie, très sainement et simplement.
Ayant exercé son métier en Auvergne, comme Béné et Christelle, nous avons alors évoqué un beau passé dans cette région et il nous a racontés des moments magiques vécus là-bas, similaires à ce que Béné et moi vivons actuellement.
Quand on dit qu'il n'y a pas de hasard...
*
Sans doute la plus belle rencontre de la randonnée, car si les précédentes avaient déjà été formidables de hasard et de richesse, celle-ci est est la seule qui aura un avenir, en effet, nous avons échangé nos coordonnées et souhaitons garder le contact.

Nous avons passé une belle nuit et avons eu du mal à nous quitter ce matin.

Nous rendons aujourd'hui hommage à Bérangère, Dada et le fruit de leur amour à naître, nous avons hâte de recevoir le faire-part de naissance et de les revoir tous les deux!


Nous avons repris notre chemin, le temps est très clément, malgré le petit orage qui a traversé le vieux couple que Béné et moi formons depuis 11 jours maintenant...

L'objet de la discorde a été le passage d'une rivière grossie par les récentes pluies.
Marius, apeuré par l'eau, ne voulait pas traverser.
Quant à moi, et comme l'an dernier
je voulais que Marius s'habitue à l'eau et dépasse cette phobie.
Bénédicte n'était pas d'accord et avait également peur.

Personne ne souhaitait céder et nous avons fini par nous séparer pour bouder dans les bois ;-)

Au bout d'une heure, temps nécessaire à la décompression de chacun, nous nous sommes rejoints, calmés et avons repris chemin commun.

Il est bon que l'orage éclate de temps en temps pour faire place au beau fixe.

Le terrain est rude, il fait très chaud, et nous avons accusé un dénivelé de près de 300m.
Nous avons passé le col de Coste Rayne.

A l'heure qu'il est, nous sommes en direction de Montaulieu puis de Curnier et pensons dormir à la belle étoile, dans la forêt domaniale du "Coucou"! Nous passerons normalement le col de la Vote.

@bientôt!

vendredi 30 mai 2008

J10 : 30 Mai : Tiens, il pleut...



Malgré notre campement de fortune construit sous le auvent de l'accueil du camping, nous avons passé une bonne nuit.

Nous nous sommes réveillés vers 7h30 et nos estomacs nous ont signifié qu'il était temps de faire des courses!
En effet, hier soir, il ne nous restait plus que 200g de pâtes et 2 oranges, alors les pâtes à l'eau et au sel, on les a trouvées succulentes!

Nous avons laissé passer une averse de plus, puis séché Marius et nous sommes partis de La gautière vers 10h, après avoir longuement discuté avec les propriétaires du camping charmants et que nous avons eu du mal à quitter... Ils ont eu la gentillesse de nous donner du foin pour Marius avant notre départ.

Jusqu'à midi, nous avons bien marché, un sentier assez bon même si sur la fin, nous avons retrouvé cette bonne vielle glaise bien lourde qui colle aux chaussure et aux sabots.

Après Pierrelongue, nous sommes arrivés à Mollans sur Ouvèze, alors que son épicerie venait de fermer...
En attendant sa réouverture à 15h30, nous avons mangé deux sandwiches au bar du village et nous sommes reposés et ravitaillés ensuite, alors que la pluie se remettait à tomber et trempait Marius.

Sagement, nous l'avons débâté et pris la décision d'attendre une accalmie pour repartir vers 16h.

Mais la pluie n'avait pas forcément envie de nous faire plaisir et nous a accompagnés jusqu'à présent, alors que nous allons arriver à Propiac, où nous allons dormir.

Nous avons fait une rencontre incongrue, mais salvatrice, Christelle, qui débarque du Puy En Velay avec sa camionnette aménagée, nous a proposés une infusion que nous n'avons pas refusée, elle nous a réchauffés et réconfortés.

Car il faut tout de même le dire, la pluie qui se mêle de nos affaires depuis quelques jours n'arrange pas les choses, nous sommes trempés de la tête aux pieds, il fait froid et forcément, la patience et le moral ont leurs limites.

Alors craquer est facile, mais heureusement, nous nous soutenons et tentons de nous faire rire mutuellement, la dérision guérit bien des maux!

La nature elle aussi semble en avoir ras les ruisseaux de la pluie, partout où nous allons, les cours d'eau sont gros et chargés de boue et la terre alentours regorge.

Demain, nous allons couper un peu le fromage et rallier directement Propiac à Curnier.

Bonne soirée!

jeudi 29 mai 2008

J9 : 29 mai : Quand le temps dicte son rythme...

La pluie ne nous a pas lâchés de la nuit...

Pour autant, nous ne voulions pas forcément partir plus tôt car il nous fallait faire une lessive et nous savions que La gautière était le dernier camping avant notre arrivée.
Pas de panique donc, nous avons tout lavé, étendu un peu pour sécher un peu et recharger toutes les batteries des appareils.
Des chèvres au camping !!
Et la pluie a continué de nous... clouer sur place finalement, à 14h30, j'ai fait mes petits calculs, il ne nous reste plus "que" 65 kms à parcourir, soit une vingtaine par jour et sans besoin de supprimer une étape.

Alors finalement, nous n'avons pas lutté contre les éléments et avons décidé de ne repartir que demain du camping.

Les propriétaires du camping nous ont autorisés à planter la tente sous le auvent de l'accueil et nous avons passé le reste de la journée à nous reposer et à...

Méditer!

Nos vies modernes nous conduisent à mener une course acharnée contre le temps, nous sommes conditionnés par des horaires, du réveil-matin à la pendule au boulot, de la minuterie du micro-ondes à l'heure qui scintille sur nos appareils et tentons de faire rentrer nos journées chargées dans ces laps de temps.

Alors qu'ici, le temps, c'est lui qui décide. Le temps, les éléments et la nature savent nous faire comprendre sans difficulté qu'il n'est pas besoin de tenter de le dompter. Ce que nous n'avons pas fait alors que prévu sur le parcours initial, nous le ferons tout de même, aujourd'hui ou demain, quitte à faire quelques aménagements.
De plus, en prenant un peu de recul, les conditions climatiques ne nous ont pas été si défavorables que ça, si ce n'est l'ascension du Ventoux, nous avons eu de belles journées et celle-ci est plutôt agréable, ne serait-ce que pour nous permettre de philosopher un peu!

Et d'ailleurs, demain, si le temps le permet, nous mettrons le cap directement sur Montaulieu.

Bonne nuit!

mercredi 28 mai 2008

J8 : 28 mai : Pas si vite!

C'est un orage assez violent qui nous a réveillés et effrayés pendant la nuit, la tente a pris l'eau par le dessous et Marius a tenté de dormir tant bien que mal sous un tilleul.
Béné a très mal dormi, pour ainsi dire pas du tout, et à 6h30, elle était... fraîche comme un gardon!

Heureusement nos affaires étaient restées au sec sous un auvent à la Maison forestière.

Mais le temps de tout ranger, sécher et bâter Marius, il était déjà 9h30 quand nous avons quitté les lieux.

Nous avons repris le GR qui nous a menés à Brantes, que nous avons surplombé, profitant de sa vue magnifique et toujours aussi émouvante. Nous y avons rencontré un agent de l'ONF qui déplorait les pertes animales des nouveaux-nés, morts de froid par la pluie et le vent et que leurs mères n'avaient pas pu réchauffer. Et lorsque nous avons entendu des cris dans le ciel, il nous a dit que c'était des aigles royaux qui avaient élus domicile sur le Ventoux et qui n'arrivaient pas à nicher à cause de la pluie. La nature est belle, mais parfois cruelle, la sélection est rude.

Nous sommes descendus à Brantes boire un café à l'auberge et le soleil s'est invité à la table pour nous réchauffer. Une dame fort sympathique nous a ravitaillés en tomates et la secrétaire de mairie a gentiment accepté de nous laisser recharger les batteries et envoyer les photos, que vous pourrez admirer dans les jours précédents ( J24, 25 26 et 27).

Nous avons remercié tout ce petit monde et avons repris notre chemin jusque sur les hauteurs de Plaisians où nous avons fait une pause déjeuner... Vers 14h30. Nous avons traversé un bois qui avait brûlé quelques années auparavant et au milieu de la verdure de saison, ce paysage soudain désolé, apocalyptique, où la nature tente de reprendre ses droits nous a attristés et choqués. Mais les jeunes pousses sur les arbres calcinés donnent de l'espoir!

J'ai repris le parcours emprunté l'an dernier et quand j'ai vu l'heure tourner et le ciel s'obscurcir, j'ai préféré faire une halte à La Penne sur Ouvèze, au camping la Gautière.
Le dernier km a été très difficile car le sentier était argileux et avec la pluie de la veille, nos chaussures accumulaient énormément de gadoue...

Le temps de planter la tente, d'attacher Marius et de sympathiser avec les charmants propriétaires, ( qui ont présenté Marius à de ravissantes chèvres naines...) et voilà que la pluie se met à tomber...

Plus qu'une solution, allez se coucher.

Demain, nous comptons rallier Propiac.

Bonne nuit!

mardi 27 mai 2008

J7 : 27 Mai : Une journée propice à la médidation...

Et après?

Comme vous avez pu toutes et tous le constater, en ce moment, le mauvais temps n'épargne personne, je crois qu'on a tous eu l'orage cette nuit.

Nous en avons essuyé un ce matin également, c'est la raison pour laquelle nous n'avons quitté le camping du Mont Serein que vers 11h30, lorsqu'une accalmie et quelques rayons de soleil se sont enfin manifestés.Nous avons fait une grande boucle donc nous sommes un tantinet décalés de notre parcours initial sans le modifier et nous avons eu raison!

En effet, nous avons à un moment donné surplombé la vallée du Toulourenc.

Quoi de plus émouvant?

Et c'est là que nous avons une fois de plus compris que la nature, on ne la domine pas, c'est elle qui donne à celui qui sait la respecter. Pris par le spectacle à couper le souffle et la sérénité du lieu, Béné et moi avons été pris d'une émotion irrépressible.

Nous sommes ensuite redescendus, pour rejoindre Brantes où nous sommes ce soir.La journée n'a pas été difficile au sens technique et même très paisible puisque nous n'avons pour une fois rencontré aucune âme qui vive sur notre chemin.
Un des aspects d'une randonnée qui n'a rien de désagréable car autant il est riche de croiser des promeneurs ou des autochtones, autant nous avons apprécié cette journée sans avoir à parler et en profiter pour nous recentrer sur nous-mêmes, Béné et moi.Une ambiance propice à la méditation que nous avons vécu séparément elle et moi, très personnellement.
D'autant plus que le parcours n'est qu'en descente pure, même si mes chevilles ne trouvent pas ça forcément confortable.

Nous avons déjà parcouru 120 kms et la fatigue se fait sentir, peut-être nous relâchons-nous un peu désormais, surtout Marius grâce à qui nous avons maintenu un super bon rythme pour la phase d'ascension, qui n'était pas la plus facile.Nous sommes actuellement à la maison forestière de Brantes
Marius a accepté le box qu'on lui a proposé et va pouvoir se reposer et peut-être retrouver sa bonne humeur, ce matin, visiblement mal embouché, alors que Bénédicte est allée le chercher, il lui a pincé le bras. Parfois, on est pas du matin...

Béné a trouvé sur les chemins du tilleul et de la menthe fraîche et est en train de nous préparer une bonne infusion naturelle, rien de tel pour terminer une journée paisible.

Demain, nous gagnons Plaisians, puis Pierrelongue et Mollans-sur-Ouvèze, soit une bonne quinzaine de km.

Bonne nuit...

lundi 26 mai 2008

J6 : 26 Mai : Repos des pieds, on recharge les batteries du coeur!

La journée d'hier n'a pas été de tout repos pour tout le monde dont c'est souvent le seul jour de congé.
Nous avons touché le Ventoux, certes, mais l'ascension et le retour n'ont pas été évidents, même si nous nous y attendions.
Froid, pluie, vent, fatigue, déception de ne pas avoir pu recevoir Morgane pour laquelle nous nous battons et la délégation des Virades, cette journée de repos était vraiment salvatrice et bienvenue.Surtout pour Marius, qui a bien entendu refusé de dormir dans le cabanon, par peur d'y entrer, et qui a donc passé la nuit dehors, sous la pluie et dans le vent.

Je l'ai trouvé ce matin trempé et grelottant de froid, il n'a pas refusé ma séance de séchage et de câlin, ni les granulés que François avait apportés hier, qui l'ont requinqué.
Et justement, une fois que nous aussi sommes redevenus secs et présentables, il ne nous manquait plus qu'à mettre les doigts de pieds en éventail et attendre que le soleil vienne nous réchauffer...
Notre palace...

En vain. Malgré quelques rayons timides, nous n'avons pas pu nous réchauffer grâce à lui.

Et ça, Joëlle et François l'ont bien senti!

Il sont donc arrivés à point nommés les bras chargés de friandises pour tout le monde et le coeur rempli de joie.

Joëlle a pensé utile en me rapportant une paire de chaussures toute neuves, pour bien finir la randonnée, mais aussi plein d'autres victuailles bien agréables pour nous réconforter après les difficultés de la veille.
François a pensé à Marius, mais aussi à nous.

Le Ventoux, ça se mérite et ça laisse des traces!

Car si le corps est bien entendu marqué par l'aventure que nous vivons, Marius, Baya, Béné et moi, nos coeurs sont empreints de tout ce que la randonnée nous apporte.

Je repense notamment à hier.
Nous avons fait quelques courses arrivés à Bédouin, et acheté une pizza que nous avons décidé de déguster assis simplement sur un bout de trottoir. Non pas que nous n'avions pas envie de nous mélanger au reste du monde, mais tout simplement, sans réfléchir, je pense que nous nous sommes assis là, comme pour ne pas troubler l'ordre établi dans ce lieu que nous ne faisions que traverser.
Puis un gamin s'est approché, a caressé Marius et a entamé naturellement un dialogue, comme seuls les enfants savent le faire lorsqu'ils se savent en confiance.
Est venu le tour d'une mamie, tout aussi agréable et curieuse, qui nous a tenus compagnie.
Et quelques touristes se sont joints au petit groupe, ont pris des photos (l'effet star que je dois à Marius et non pas à mon fameux chapeau...).

En contraste, pendant que Béné, Marius et Baya attendaient dehors, j'étais encore dans la magasin et là, le regard et l'approche n'ont pas été les mêmes. J'ai senti comme une certaine réticence vis à vis de mon apparence qui semblait ne pas être en cohérence avec l'aspect et le contexte de ce petit village charmant, mais au demeurant très bourgeois du Vaucluse.
Ai-je été perçu comme un illuminé? Un marginal ou encore un nomade?
Peut-être, mais toujours est-il que je sais pourquoi et comment j'avance et ces regards ne m'ont pas gêné. Après tout, le cliché des apparences a la vie dure. Je ne cherche pas forcément à être vu ni entendu, je ne fais que passer.

Mais dès lors qu'on dépasse cet aspect, on s'aperçoit que le naturel prend le dessus et que sans rien demander, le partage se fait, le don de soi, de ce que l'on est au delà de ce que l'ont montre.
Le bonheur est là, tout simplement.

Une randonnée, ce n'est pas que des dénivelés, des points sur des cartes et des performances, des victoires de l'homme sur la nature. Marcher, c'est aussi aller au plus profond de soi, ne faire confiance qu'en son instinct enfoui, que le monde d'aujourd'hui parasite et empêche de faire surface quand l'urgence se présente.

Et ça, Marius est là pour permettre d'établir ce pallier entre nous et la nature que nous respectons sous nos foulées.
Marius est un animal, sa seule loi, c'est son instinct. Quand il est fatigué, il n'avance plus, il ne tente pas de lutter. Quand l'un de nous ne va pas fort et que nous tentons d'avancer grâce à notre raison, Marius le sent, son instinct se met en route et il se rapproche de nous pour nous faire comprendre qu'il ne faut pas lutter.

De fait, nous retrouvons peu à peu notre centre, notre foi, et le sentiment que nous sommes bien vivants et capables de lâcher prise et de suivre aussi notre instinct, celui qui tantôt nous pousse à avancer, et tantôt nous indique de nous arrêter.

J'ai compris cela l'an dernier, alors que Brigitte, arrivée en cours de route, m'a servi de guide, non pas sur les sentiers de la Drôme, mais sur celui de ma vie.

Aujourd'hui, et maintenant que je ne fais que conforter ce que j'ai appris et que je sais, c'est à Bénédicte que je tente de montrer ce chemin, son chemin.

Comme quoi, on a beau suivre le même sentier caillouteux ou pentu, on marche pour soi, loin du monde, la nature et l'instinct nous guident vers ce que nous avons tant de mal à trouver aujourd'hui.

Voilà ce que certains hommes appellent courir, grimper, ramer contre les éléments, mais contre eux-mêmes.
Personnellement, je marche cette année pour les Virades, mais également pour suivre le chemin de ma vie, que j'ai emprunté l'an dernier.

Marius, Baya, François, Joëlle et tous ces gens dont le coeur nous a été ouvert à l'occasion de ces brèves rencontres sont là pour me rappeler que les hommes sont encore bons et sont capables de donner sans attendre autre chose que le bonheur de partager.

Demain, nous repartons en direction de Brantes et de Plaisians, soit 23 kms, de la pure descente, la vallée nous rappelle à nouveau!

Bonne nuit!

dimanche 25 mai 2008

J5 : 25 mai : Les choses sérieuses ont commencé!

La pluie, le vent, les cailloux, rien n'arrête mes compagnons.

La nuit a été très agitée, personne n'a pu dormir sereinement.
Je me suis mis à me poser des tas de questions quant au déroulement de cette ascension, même si je n'avais aucun doute sur ce qui l'avait motivée et sur ce qu'elle allait m'apporter de positif et enrichissant. Mais le stress m'a envahi, nous sommes sur le point de gravir le Mont Ventoux, plus qu'un point culminant sur une carte, un réel symbole.C'est aussi la pluie qui a entravé notre sommeil déjà très léger.

Nous avons retardé notre départ matinal à 10h, après avoir dû gérer l'humidité du matériel.

Nous avons repris le GR91 laissé la veille et...

C'est parti pour les sentiers en direction du Mont Ventoux!

Une belle grimpette plutôt à bon rythme.Nous avons successivement passé les collets de Roland et Robin puis avons repris un sentier où nous sommes tombés sur trois cabanons de bergers, traces de vie locale retirée du monde comme cette forêt de hêtres traversée et dont les couleurs ravivées par la pluie nous replongent dans un imaginaire féérique.

Nous avons eu envie d'y rester pour la nuit tant le lieu était beau mais avons préféré rejoindre le chalet Reynard dernière étape avant le Ventoux. De toutes façons, nos batteries étaient déchargées et nous ne voulions prendre aucun risque. D'autant plus que Marius était trempé, nous avons profité de cet arrêt pour le débâter. Nous savions que le plus dur restait à venir.
Nous y avons pris le temps et le plaisir de déguster des crêpes et un chocolat chaud vers 16h30.Dernier réconfort avant l'effort...

Et là, les choses sérieuses ont vraiment commencé puisque nous avons encaissé un dénivelé de près de 200m en peu de temps. Les couleurs vivent se délavent peu à peu, laissant place à des paysages minéraux pastels, d'ocres jaunes et gris bleu.Et c'est le GR4, connu de tous les spécialistes de la randonnée, qui nous a menés sur la crête du Mont Ventoux. Désert balayé par les vents et la neige présente encore par endroits. Les rafales sont s'y violentes qu'elles nous déséquilibrent, nous bousculent au point que nous craignons que Marius ne veuille plus avancer alors que le sommet est si proche. Mais dans cette épreuve, on se serre les coudes, on s'encourage et on avance. Pas question d'abandonner maintenant.
Le voilà!On y est!

A 19H enfin, nous atteignons le point culminant : 1912m. Belle victoire sur nous même face aux éléments déchaînés qui ne nous laissent que le temps de prendre une photo avant de redescendre.Photo souvenir de famille...

La délégation des Virades de l'espoir que nous devions rencontrer en ce lieu magique n'a malheureusement pas pu être présente en raison des très mauvaises conditions climatiques, un vent qui balaye tout, une température avoisinant les 0 degrés et un terrain très accidenté, sur lequel j'ai laissé une de mes semelles de chaussures. Mais ce n'est que partie remise, nous nous rencontrerons avec les organisateurs des Virades dès notre retour, en prévision de l'ascension prévue au mois d'Août.


Nous sommes redescendus à grands regrets sur la station du Mont Serein, et nous sommes installés au camping à 21h, après une bonne dizaine de km de descente abrupte.

Nous sommes au sec et confortablement installés dans une caravane, tandis que Marius et Baya, qui a fini par se libérer de sa muselière, sont à l'abri dans un cabanon.

Nous sommes fatigués, très, très très fatigués, surtout Béné qui a imité Marius et qui s'est légèrement assoupie en marchant, et que j'ai réveillée...

Par conséquent, et vu que nous maintenons un bon rythme, nous avons décidé que demain serait une journée de relâche et de repos.

Comme chaque jour et chaque paysage sont différent, s'il est bien une chose rassurante et récurrente depuis que je pars en randonnée avec Marius, c'est la richesse et le bonheurs de toutes ces rencontres qui surgissent aux détours des sentiers.

Bonne nuit!

samedi 24 mai 2008

J4 : 24 mai : Quand le Ventoux est au bout de nos rêves...



La soirée a été l'une des plus belles, passée en compagnie de randonneurs et promeneurs voisins, de l'Isère et des Bouches du Rhône.
Mais la nuit a été un peu agitée pour Marius qui ne nous a pas trop vus. J'ai constaté ce matin que le stress provoqué par notre absence lui avait coupé l'appétit, l'herbe a ses pieds n'avait pas été touchée.

Nous sommes partis vers 11h et avons décidé de ne pas traverser Malaucène malgré la beauté et le charme de ce petit village provençal.

Nous avons emprunté le GR4 par la Combe de Comentige puis gravi le mont Piaud et avons traversé la forêt domaniale du Ventoux.
Des paysages magnifiques, hors du temps, où l'on sent que l'homme n'a pas réellement d'emprise, pour notre plus grand plaisir.Quand la vie s'accroche à des endroits improbables...

Puis, de la Combe de Brame-Fam au GR91, nous sommes arrivés sur la Combe Obscure.
Sentier étudié pour Marius.

Et là, le paysage et l'environnement ont complètement changé, nous nous serions crus à la préhistoire. Le sentier est très caillouteux, avec une pente sévère, et nous avons pu constater l'importance de bien bâter Marius, afin d'éviter les glissades et qu'il ne soit emporté par le poids de sa charge. Nous avons croisé quelques randonneurs s'essayant à l'escalade, c'est dire l'hostilité des lieux, sans leur ôter leur beauté sauvage.Étrange racloir...

Nous avons rejoint Bédouin par les sentiers équestres à 18h, après avoir super bien marché, grâce à notre duo à 4 pattes qui se tirent la bourre pour notre plus grand plaisir, ils nous font avancer à bon rythme. Nous avons fait quelques courses et nous sommes requinqués un peu avant de repartir, le but étant de nous rapprocher le plus possible du Géant de Provence. Et même si le temps a été plutôt clément depuis notre départ, il semble changer en soirée et le vent du Sud qui se lève promet de nous apporter la pluie. Nous avons donc dû trouver un endroit abrité pour passer la nuit.Le temps des secrets...

Marius s'intéresse au parcours...

Nous nous sommes enfin posés dans une clairière, non loin d'un hameau où une gentille dame nous a donnés de l'eau, avons planté la tente, Marius près de nous à l'abri du vent et Baya sous les arbres.Il est tout près...

En fermant les yeux, je me sens déjà au sommet du Mont Ventoux que nous comptons bien atteindre demain!

Bonne nuit!

vendredi 23 mai 2008

J3 : 23 mai : De petites rencontres en grands bonheurs...

La soirée et la nuit passées à Mérindol ont été fabuleuses.
Au détail près que c'est à 6h pétantes que j'ai été réveillé soudainement par une sulfateuse qui menaçait de nous bombarder, vu que nous avions dormi au bord des vignes et le souvenir que François avait oublié de me laisser la couverture de Marius hier soir.


Le temps nuageux de ce matin ne m'a pas permis de recharger mon téléphone avec l'énergie de notre habituel soleil, mais un gentil couple a accepté que je le fasse de chez eux, bien que je les ai réveillés à 7h20.

Ce matin, les chevilles se rappellent douloureusement à notre souvenir, Béné et moi en souffrons tous les deux, et les crampes dues aux nouvelles semelles de mes chaussures n'arrangent rien, mais nous allons vite nous adapter.


Nous sommes partis tranquillement de Mérindol en direction de Faucon vers 9h et avons profité de ce charmant petit village pour nous arrêter boire un café sur la place. Nous avons rencontré une grand-mère fascinée par notre convoi, qui a eu une phrase sur laquelle il sera bon de méditer, " L'homme choisit sa charge, c'est mental, mais l'âne non." Nous avons été pris en photos, appréciant à sa juste valeur ce statut de stars champêtres, ce qui fait toujours autant plaisir à Marius.


Nous sommes arrivés à Entrechaux, où nous aurions dû bivouaquer hier soir et je suis allée présenter mes excuses aux propriétaires du camping "Les 3 rivières", qui devait nous accueillir.

Nous avons repris notre chemin pour aller pique-niquer un peu plus loin et un peu plus tard dans un sous-bois clair. Un endroit idyllique s'il en est.


C'est à 15h30 que nous avons levé le camp et avons malheureusement dû changer de trajet en raison du contenu des cartes IGN obsolètes qui nous avaient indiqués des sentiers qui n'existaient plus...

C'est sur la départementale que nous avons continué et la première grosse frayeur est apparue.
Marius a été surpris par une voiture et à rué vers la droite. Fort heureusement, aucune voiture n'arrivait en face à ce moment et Bénédicte a su le maîtriser pour le remettre dans " le droit chemin". Je pense qu'il devait dormir, car oui, contre toute attente, les ânes dorment parfois en marchant. Il devait s'être lassé de marcher sur du bitume...

Plus de peur que de mal donc, et nous avons pu rejoindre un sentier de campagne pour rallier Malaucène. Nous avions prévu de passer la nuit sur une aire naturelle mais ne disposant pas d'abri ni pour Marius et Baya, ni pour nous et comme le temps tourne à l'orage, nous avons préféré chercher le gîte équestre que la carte IGN désignait comme le plus proche.

Évidemment, la carte n'était pas à jour, le gîte n'était plus que d'étape, mais la patronne a eu la gentillesse de nous accueillir et trouver à mettre Marius à l'abri. Quant à nous, nous sommes logés dans une chambre d'hôtes.

Tout le monde est donc bien à l'abri et plutôt en pleine forme, surtout Baya qui semble n'être jamais fatiguée, elle...

Depuis le départ, comme les étapes que nous franchissons ne sont pas encore compliquées ni fatiguantes, je profite des lieux magnifiques que nous traversons et visitons, de cette nature qui nous donne sans compter, que nous tentons de respecter à sa juste valeur et surtout, je me nourris de toutes ces rencontres, qui, mêmes fugaces, laissent des traces indélébiles de bonheur et de joies partagées.

L'an dernier, j'avais déjà retiré le même sentiment lors du Marius Tour,
mais cette année, je confirme que les rencontres que je fais sont de plus en plus belles.

Quant à la relation déjà proche de la fusion avec Marius, je ne peux que constater que les liens qui nous unissent se resserrent d'avantage avec le temps.
Il suffit que je m'éloigne un instant de sa vue pour qu' immédiatement, il le sente et tente de me retrouver. Dès qu'il ne me voit plus, il m'appelle et prend le chemin le plus direct pour me rejoindre, "à vol d'oiseau".
Cet après-midi, nous nous sommes retrouvés à la croisée de deux chemins et ne sachant lequel emprunter, je suis parti en éclaireur, laissant Marius et Béné attendre que je les appelle.
Elle m'a rejoint, mais seule, Marius était parti à ma rencontre, en parallèle, guidé par le son de ma voix.

Marius devient plus qu'un compagnon de route, un réel compagnon de vie.
Demain, nous allons à Bedouin, avec un gentil petit dénivelé d'entrée de jeu et 23 km, nous dormirons au pied du Géant de Provence que nous allons toucher du bout des rêves.

Bonne nuit..